Le projet violences faites aux femmes et filles au Tchad : prévention et prise en charge

Au Tchad, les femmes sont majoritaires mais elles constituent la couche la plus vulnérable, exposées à toutes sortes de violences. Les violences les plus récurrentes et pernicieuses se passent dans la famille et dans la communauté. Dans la famille les petites filles sont souvent victimes d’abus sexuels de la part des membres de ladite famille et contraintes parfois au mariage précoce. Celles qui sont utilisées comme travailleuses domestiques sont surexploitées et deviennent la

proie de leur maître. Les femmes en couple subissent des violences sexuelles et viol de la part de leurs partenaires mais n’osent pas dénoncer. Les filles dans la communauté sont enlevées et violées par des groupes de jeunes. Les femmes seules constituent également une cible facile pour les abus sexuelles y compris le viol. Les femmes en milieu carcérale sont encore plus exposées.

Les principaux types de violences perpétrées contre les femmes et filles au sein de la famille sont :

• Les Violences physiques

• Les Violences sexuelles

• Les Violences d’un partenaire intime

• La Violence psychologique

Dans la communauté elles sont victimes de :

• Violences Sexuelles notamment les viols et agressions sexuelles de la part d’un inconnu ou d’un non partenaires.

• Les Mutilations génitales féminines

• Les pratiques traditionnelles néfastes

• La violence économique

L’Enquête Démographique et de Santé et à Indicateurs Multiples au Tchad (EDS-MICS 2014-2015)a conclu que plus de 12% de femmes affirment avoir subi l’acte sexuel depuis l’âge de quinze (15) ans. Puis 3 femmes sur 10 (29%) ont subi à un moment quelconque des violences physiques depuis l’âge de 15 ans. La même source révèle aussi que c’est dans la communauté et, parmi les femmes en rupture d’union que cette proportion est la plus élevée (49%). Il s’agit des viols et autres formes d’abus sexuelles. Les déterminants de ces violences sont nombreux et liés pour la plupart aux pesanteurs socio-culturelles, à l’analphabétisme, au manque d’instruction, à la méconnaissance de leurs droits et à la pauvreté. Bien que des efforts soient faits au niveau de l’Etat et des Institutions des Nations – Unies pour lutter contre les VFFF beaucoup reste encore à faire. Au niveau étatique plusieurs politiques et lois visant la promotion des droits des femmes ont été adoptées, notamment : La Politique nationale Genre (PNG) accompagnée par un plan d’action, la Stratégie Nationale de Lutte Contre les Violences Basées sur le Genre, la feuille de route de lutte contre le mariage d’enfants et les mutilations génitales féminines. Le Tchad est partie prenante de l’agenda 2063 de l’Union Africaine, et a participé à la mise en place du Plan d’Action Régional de la CEEAC pour la Mise en Œuvre de la Résolution 1325 du Conseil de Sécurité et les Résolutions Connexes sur les Femmes, la Paix et la Sécurité. En ce qui concerne les lois nationales, il s’agit entre autres de la loi n°006/PR/2002 portant promotion de la santé de reproduction, la loi n°029/PR/2015 portant interdiction du mariage forcé, l’ordonnance n°012 instituant la parité dans les fonctions nominatives et électives en Républiques du Tchad. Le Tchad a également ratifié la Convention pour l’Élimination de toutes formes de Discrimination à l’Égard des Femmes (CEDEF). Le Fond des Nations Unies pour la Population et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) soutiennent le gouvernement dans la mise en œuvre de la SNVBG, de l’autonomisation de la femme et de l’égalité des sexes.

PILC travaille avec les organisations de la société civile notamment, l’Association Tchadienne pour la Promotion et la Défense des Droits de l’Homme, l’Association des Femmes Juristes, l’Association pour les Libertés Fondamentale au Tchad, l’Association pour la Réinsertion des Enfants en Détresse, l’Union des Femmes pour la Paix, la Cellule de Liaison et d’Action des Associations Féminines, Lead – Tchad, les Commissions Justice et Paix et en collaboration avec les institutions internationales et gouvernementales qui travaillent sur la problématique des VFFF.

L’objectif global du projet VFFF est de contribuer à l’éradication des violences, spécifiquement les viols et abus sexuels, afin de favoriser le respect des droits de la femme et sa participation effective au processus du développement.

Les survivantes dans les zones d’intervention du PILC et prises en charge dans les Centres d’Ecoute (CE) de N’Djamena, Moundou, Kélo et Koumra, expérimentent une amélioration de leur sécurité, leur considération, leur bien-être et de leur rôle dans la société et contribuent á la lutte contre les VFFF.

Les bénéficiaires primaires de cette action sont 2850 femmes et filles survivantes ou à risque. Elles peuvent accéder aux Centres d’Ecoute à travers un dispositif amélioré de prise en charge juridique, psychologique, médicale et sociale par les PJ dont les capacités sont renforcées et des experts.

Elles sont issues des catégories sociales suivantes :

• Femmes travailleuses domestiques (150)

• Femmes et filles en général (2000)

• Femmes en détention (200)

• Femmes et filles victimes d’exploitation sexuelle (500)

Les bénéficiaires secondaires sont 1670 personnes. Il s’agit des leaders religieux et traditionnels, les militaires et policiers, les journalistes et les membres des communautés qui, à l’issue des formations vont :

  • Améliorer leurs attitudes et comportements envers les droits des femmes et filles,
  • Comprendre leur responsabilité et agir pour prévenir les VFFF par la sensibilisation de la population
  • Acquérir une meilleure connaissance sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles et une meilleure compréhension de leurs implications dans la prévention de cette violence dans leurs propres communautés
  • Avoir une meilleure compréhension de leurs rôles dans la dénonciation des VFFF.