Le 31 octobre 2000, le Conseil de sécurité des Nations unies adoptait la résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité. Cette résolution reconnaît l’impact des conflits armés sur les femmes et les filles et œuvre pour la protection et la pleine participation de celles-ci aux accords de paix. Laquelle résolution est essentielle pour la promotion des droits de la personne, du développement et de la bonne gouvernance, en particulier dans des contextes de sécurité complexe, tels que celui du Tchad. Le pays ne dispose pas encore d’un plan d’action national pour la mise en œuvre de la résolution 1325. Tout de même, quelques progrès dans le développement d’un cadre juridique permettant de faire avancer les droits des femmes en garantissant leur protection et de veiller à ce que leurs contributions aux divers aspects de la gouvernance, du développement, de la paix et de la sécurité sont timidement reconnues et soutenues.
Pour saisir l’opportunité d’une nouvelle approche plus inclusive, le Département Fédéral des Affaires Etrangères Suisse (DFAE) et l’Agence Espagnole de Coopération Internationale au Développement (Agencia Española de Cooperación Internacional para el Desarrollo) , dans le cadre du soutien au Ministère de la Femme, de la Famille et de la Protection de l’Enfance du Tchad, a mandaté le Global Network of Women Peacebuilders (GNWP) (le réseau mondial des femmes meneuses de la paix), une ONG internationale et experte mondiale en la matière et le Public Interest Law Center (PILC), une organisation nationale qui travaille dans le domaine de l’accès à la justice, de la lutte pour l’égalité entre l’homme et la femme, les violences basées sur le genre ainsi que la promotion de la bonne gouvernance. Faisant front commun, ces organisations travaillent à faire connaitre l’importante contribution que les femmes peuvent apporter à la sécurité́ et à la réconciliation. Elles préconisent une représentation accrue des femmes dans la prévention et la gestion des conflits en soulignant la nécessité́ d’intégrer une perspective du genre dans la mise en œuvre des accords de paix, les processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR) et la formation des soldats de la paix.
En Mai et en Août 2022, deux ateliers sur la résolution 1325 ont eu lieu à N’Djaména sur le thème : « Amplifier la voix des femmes pour une mise en œuvre inclusive et efficace : élaborer un plan d’action national sur les résolutions sur les femmes, la paix et la sécurité au Tchad ».

Premier atelier d’écriture du Plan d’Action National sur la Résolution 1325 : Du 03-06 mai et 09-10 mai 2022 à N’Djamena
D’amblée, il est important de noter que l’objectif principal de cet atelier d’écriture est de contribuer à la rédaction et à la mise en œuvre du PAN de la résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies pour le compte du Tchad. Et plus spécifiquement, il était question de faciliter la rédaction du premier PAN Femme, Paix et Sécurité (FPS) du Tchad en développant une méthodologie précise, finaliser les objectifs et les résultats du PAN en ligne avec les activités de validations et les consultations sectorielles, valider et développer la théorie du changement et des activités concrètes pour chaque produit/résultat, élaborer un cadre de suivi et d’évaluation du PAN.
Cet atelier organisé par le Ministère de la Femme, de la Famille et de la Protection de l’Enfance (MFFPE) du Tchad, a vu la participation des ministères sectoriels, des Partenaires Techniques et Financiers (PNUD, Union Africaine, UNICEF, Coopérations suisse et espagnole, Global Network of Women Peacebuilders, PILC, l’UNFPA, etc.), et des Organisations de la Société Civile (OSC). Plusieurs modules ont été abordés grâce à une méthodologie participative et inclusive fondée sur des présentations des expert.e.s, des travaux de groupes, des validations en plénière et des résultats antérieurs des consultations locales et sectorielles.

Les travaux de l’atelier d’écriture, animé par des expert.e.s du GNWP, du PILC et du MFFPE, etc. sont exécutés en deux phases. Il y a des travaux de groupes et des travaux réalisés en plénière, puisque l’approche se veut participative et interactive. Et le tout alterné par des pauses. Des échanges et discussions tout au long de l’atelier ont permis d’affiner les résultats des consultations locales et sectorielles.
Lors de ces premières assises, plusieurs points ont émaillé les échanges : la résolution 1325 et les bonnes pratiques (qui souligne les progrès et les lacunes dans la mise en œuvre de l’agenda ainsi que les bonnes pratiques et les questions émergentes dans l’agenda FPS), femmes, paix et sécurité dans le contexte tchadien, résultats des consultations sectorielles… le tout nourri par des échanges multiformes dans le but de garantir la pleine participation, significative et efficace des femmes et jeunes femmes diverses, y compris (les femmes handicapées, les retournées, les organisations des femmes de différentes confessions religieuses, les groupements féminins locaux/ruraux, les femmes arabophones, les femmes commerçantes, etc.), dans les mécanismes locaux, régionaux et nationaux de la prise de décision(le dialogue national, le Conseil National de Transition, le Comité technique spécial relatif à la participation des politico-militaires au dialogue national, les différentes structures de gestion des élections, les comités de gestion des conflits éleveurs-agriculteurs) ; Contribuer à la connaissance des lois concernant la protection des droits des femmes, notamment les mécanismes juridiques nationaux, régionaux et internationaux : la Convention relative à toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF), la Charte Africaine des Droits et des Peuples, le Protocole de Maputo, la Constitution du Tchad, La Loi n°006/PR/2002 du 15 avril 2002 portant promotion de la santé de reproduction, La loi n° 029 /PR/ 2015 sur l’interdiction du mariage des enfants ; l’ordonnance n• 012 du 22 mai 2018 instituant la parité dans les fonctions nominatives et électives en République du Tchad et son décret d’application no 0433, la Politique Nationale Genre (PNG) en 2017, et la stratégie nationale de lutte contre les violences basées sur le genre ; garantir la pleine participation, significative et efficace des femmes et jeunes femmes dans les mécanismes de la prévention des conflits au niveau local, national et international ; Réduire et contrôler le trafic et la circulation des armes légères et de petits calibres…

Deuxième consultation nationale du Plan d’Action National sur la Résolution 1325 du conseil de Sécurité des Nations Unies : 03 août 2022 à N’Djamena
PILC mène des activités intégrantes de la mise en œuvre des résolutions FPS et à participer avec GNWP au processus de définition de la cartographie des priorités en vue de l’élaboration du PAN. D’autres partenaires notamment le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le Fonds des Nations Unies pour la Population (FUNUAP), le Fonds des Nations Unions pour l’Enfance (UNICEF), l’Union Africaine (UA) et la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) ont rejoint le processus en mettant à disposition leur appui financier, technique et matériels. Une feuille de route pour l’élaboration du PAN a été adopté et plusieurs activités ont été mené afin d’asseoir une démarche inclusive et participative pour l’élaboration du PAN afin d’en garantir l’appropriation par les différents acteurs au premier rang desquels le Ministère de la femme.
Lors de cette deuxième consultation, il a été question de Finaliser le Plan d’Action National (PAN) et requérir le feedback supplémentaire de différents partenaires afin de parvenir à la validation technique du document.