Contexte:
Les femmes représentent 50,2% de la population (enquête 2009) et s’impliquent dans la vie politique, économique et sociale au mieux qu’elles peuvent malgré le fait qu’elles subissent les pratiques traditionnelles néfastes qui contribuent aux discriminations et marginalisation envers elles. Bien qu’elles soient les moins scolarisées et n’accèdent pas aux droits et aux services qui leurs sont dédiés, elles s’organisent dans les communautés en associations, groupements d’intérêt économique, coopératives et en réseaux pour créer des Activités Génératrice de Revenus pour se prendre en charge. A l’issue des autres programmes mis en œuvre avec le soutien de UNICEF et PBF, elles sont devenues actives dans la prévention et la résolution des conflits en vue de la recherche de la paix, dans la prévention des VBG dans leurs communautés mais malheureusement ont encore besoin d’être appuyées pour avoir accès aux moyens de production et être mise en réseaux pour un plus grand impact.
Le Tchad a une importante jeunesse (2/3 ont moins de 25 ans) mais en manque de repères et totalement livrée à elle-même. Il y a une forte progression de ces jeunes recherchant un emploi et obligés de se mettre en association pour influer sur le cours des choses. Ces mouvements de jeunes font de la mobilisation citoyenne et sociale, la consolidation de la paix tout en dénonçant leurs conditions de vie en interpellant l’État sur leurs devoirs. Mais ces initiatives arrivent à bout de souffle par manque d’appui, d’orientation, de soutien véritable et d’amplification.
Au même moment, le Tchad traverse une crise socio-politique et sécuritaire grave depuis le décès du président de la république Mr Idriss Deby Itno et la succession dynastique de son fils au pouvoir. La crise sanitaire du Covid-19 et les restrictions ont toujours des effets et impacts négatifs qui perdurent jusqu’à maintenant. En outre, le pays a enregistré en 2022, une inondation exceptionnelle qui n’a jamais été observée depuis 1961 selon les spécialistes. Cette calamité naturelle a occasionné de nombreux dégâts et d’énormes pertes à tous les niveaux. La statistique révèle plus de 1.000.000 de familles qui sont sinistrées et 120.000 maisons détruites dans plus de 10 provinces. Le gouvernement a déclaré un état d’urgence alimentaire suivi d’un état d’urgence sécuritaire et a pris beaucoup de mesures restrictives. Ces évènements augmentent encore plus la vulnérabilité des femmes, enfants et adolescents et rendent beaucoup plus complexe la réponse humanitaire urgente à apporter.
Les femmes, adolescents(es) et enfants déjà très vulnérables qui se trouvent sur les sites des sinistrés et dans ces communautés sont exposées aux eaux sales et ses conséquences ultérieures que sont le paludisme, le choléra et les maladies de la peau.
C’est pourquoi le PILC doit mettre en œuvre ce projet pour apporter une réponse concrète, urgente et pertinente à ces populations pour prévenir et prendre en charge les VBG dans une synergie d’action bien synchronisée.
Stratégie de mise en œuvre et orientations techniques :
La stratégie est basée sur la préparation et la réponse aux urgences, notamment le renforcement des capacités des mécanismes communautaires de protection de l’enfant sur des thématiques diversifiées ainsi que la gestion de risques et sera mise en œuvre en s’appuyant sur les 4 piliers de la résolution 1325 que la prévention, la protection, la participation et le relèvement, également sur la résolution 2250. Les filles et garçons et plateforme des adolescents (es) seront renforcés sur les compétences de vie courante, la masculinité positive et les enjeux des MGF et mariage dans les provinces cibles.
Les activités qui seront menées permettront non seulement de sensibiliser aux risques des inondations mais aussi de prévenir les VBG très présentes, de prendre en charge lorsque ces cas surviennent et former pour la prévention d’exploitation et des abus sexuels (PEAS).
Un mécanisme adapté de coordination sera mis en place et une orientation des partenaires intervenant dans la zone d’urgence pour détecter le nombre de femmes et de filles signalant des incidents d’exploitation et d’abus sexuels et de cas de VBG.
Cette stratégie permettra d’appuyer à la prévention et donner une réponse holistique liées aux violences basées sur le genre à l’égard des enfants, adolescentes et femmes dans ces localités, aussi bien de crise humanitaire que de développement.
Ce programme permettra d’organiser des séances d’information des leaders traditionnels et religieuses sur la masculinité positive, égalité de genre, autonomisation, etc. en collaboration avec les plateformes des leaders communautaires locales. Ce sera l’occasion d’obtenir leur engagement pour l’abandon des pratiques traditionnelles néfastes.
Il va contribuer à consolider et/ou opérationnaliser les structures de coordination dans les DPAS (ONGs et Ministères clés) dans le cadre de la lutte contre les VBG. Par la même occasion le ministère du genre et de la solidarité nationale sera appuyé pour la revue/vulgarisation du système de référencement de cas de VBG, en collaboration avec l’UNFPA et autres acteurs.
Enfin, un état de lieu sera fait pour avoir la situation des besoins des groupements et des personnes vulnérables ou à risque dans le Moyen-chari et le Hadjer-lamis
Qui seront dotées équipement de maraichage et couture et en cash transfert pour des AGR.
Développement des capacités :
Pour assurer la durabilité et l’appropriation locale, il est prévu plusieurs sessions de dialogues communautaires/intergénérationnelles et de renforcement des capacités qui seront organisées pour les acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux, les acteurs de la Protection de l’enfance, les associations locales des femmes et des jeunes, les structures formelles de prise en charge des VBG, les comités de protection de l’enfance au niveau communautaire, les plateformes locales de consolidation de la paix concernés par les thématiques de VBG, de consolidation de la paix et de protection de l’enfance au Tchad.
Les sessions de renforcement de capacités seront basées sur la gestion des cas, les outils harmonisés, les approches et pratiques communautaires de protection et les documents normatifs communs.
La synergie d’action avec les partenaires et acteurs locaux reste pertinent car cela permettra une mise en œuvre efficace des activités basée sur la qualité, l’implication des communautés et la redevabilité. L’expertise et l’expérience des acteurs et du PILC combinées permettront le développement de leurs capacités en terme de l’administration du programme et en terme de renforcement de capacités institutionnelles, techniques et organisationnelles.
Une presentation du programme et des objectifs recherchés en concertation participative sera faite pour assurer une bonne partcipation. Une planification détaillée des activités et un plan de suivi-évaluation est prevue en vue de la capitalisation et partage des connaissances et bonnes pratiques.
Autres partenaires impliqués :
Ministère de la femme, de la protection de la petite enfance et de la solidarité nationale, ministère de l’administration du territoire et des collectivités décentralisées, OSC sœurs, plateformes locales de consolidation de la paix.